Le consensus mou de la violence au lycée
PartagerDans trois semaines, le premier tour du scrutin des élections régionales sera achevé. Difficile d'y croire, on dirait que seules quelques centaines de personnes dans chaque parti politique semblent s'y intéresser. Il faut dire qu'à droite, avec la moitié du gouvernement candidat aux régionales, l'implication est minimale. Et, sauf surprise majeure, la déroute que l'UMP s'apprête à endurer devra être rapidement oubliée médiatiquement. Alors surtout, ne forçons pas trop l'investissement pour ce scrutin: moins on en parlera plus vite on l'oubliera.
S'il est une thématique abordée lors de cette campagne, c'est la violence dans les lycées. Et l'opinion se distingue dans son essence même par son consensus mou. "Il y a aussi les collèges qui sont sous pression" comme nous le rappelle le blogueur l'Hérétique. Mais les collèges ne sont pas de la compétence des régions, alors surtout n'en parlons pas. La violence dans les lycées a le mérite de montrer le fossé entre la gauche et la droite, tout en étant le sujet national et régional par excellence.
Éducation versus répression
Rien que dans l'expression "violence des lycées", on retrouve le paradoxe segmentant l'idéologie de la droite à celle de la gauche. La violence d'une part, sujet propre à faire gagner la droite (souvenons-nous de 2007), aide à véhiculer les discours tout-sécuritaires de l'UMP. Les lycées, d'autre part, renvoient instinctivement à une problématique chère à la gauche: l'éducation.
Grâce à cette "violence dans les lycées", la gauche comme la droite peuvent asséner chacun leur fond de commerce. Rassembler qui autour de l'éducation, qui autour de l'insécurité. Surtout ne jamais être d'accord, toujours s'affronter pour mieux se différencier. On ne votera pas pour des propositions ou des projets, mais bel et bien par affinité avec une certaine idéologie.
National versus régional
L'insécurité, un débat national par principe. La violence ne s'arrête pas aux frontières des régions, aucune campagne différenciante région par région n'est possible. Ou comment rabaisser les candidats aux régionales, les priver de voix médiatique au profit des grands pontes de la politique nationale. Surtout ne pas faire émerger de nouvelles personnalités. Les lycées relégués au second plan, comme simple alibi pour parler d'éducation et d'insécurité.
L'exemple type de la nationalisation du débat sur ce scrutin régional est l'hypocrisie totale du chef de l'Etat, ou comment il affirme publiquement sur TF1 le 25 janvier ne pas vouloir s'impliquer tout en y participant activement, notamment en Corse au début du mois de février.
En dehors des présidentielles, les élections ne sont qu'un parcours de saut de haies entre deux nouvelles mandatures monarchiques. La Vème République a cela de vendeur qu'elle voit s'affronter dans le sang un nombre infime de personnalités, n'en gardant que deux pour le round final. Entre temps, on survole les haies parfois, on chute sur un obstacle aussi, et l'on agrémente le tout de remaniements pour faire passer le temps.
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